Communauté des Empathies Soustractives et Additives Révolutionnaires

mardi 16 février 2010

quelques références sur la conférence du 16 janvier 2010

« Le sujet de la création est le chaos(…)Tous les artistes, primitifs ou non, ont été amenés à se mesurer au chaos. »

« …c’est une œuvre d’art qui ne peut même pas être vue, c’est quelque chose dont il faut faire l’expérience ici sur place. »

Barnett Newman, The Sublime is Now

« On peut concevoir une époque où les arts spécialisés et fait exprès seraient abolis et seraient remplacés par l’art des activités ordinaires. Et en somme par l’art de vivre. Ce serait là vraiment la civilisation, et peut-être tout s’oriente vers lui. »

Paul Valery, Cahiers Vol. 2

« Si une personne possède juste assez de sens commun et d’expérience, sa propre manière d’organiser son existence est la meilleure, non pas qu’elle soit la meilleure en soi, mais parce que c’est sa manière propre. »

J.S.Mill, De la Liberté

Toni Negri, Art et multitude

« Pollock a créé des peintures magnifiques. Mais il a aussi détruit la peinture. Son travail est « à la limite du rituel, qui se trouve sans nécessité, utiliser la peinture comme l’un de ses matériaux ». « Pollock, tel que je le perçois, nous a laissé au point où nous devons nous préoccuper de l’espace et des objets de la vie courante, et même être éblouis par eux. »

Allan Kaprow, The legacy of Jackson Pollock

« Je ne demande pas le grand, le lointain, le romanesque ; ni ce qui se fait en Italie ou en Arabie ; ni ce qu’est l’art grec, ni la poésie des ménestrels provençaux ; j’embrasse le commun, j’explore le familier, le bas, et suis assis à leurs pieds. De quoi voudrions-nous vraiment connaître le sens ? De la farine dans le quartant ; du lait dans la casserole; de la balade dans la rue; des nouvelles du bateau ; du coup d’œil ; de la forme et de l’allure du corps ; – montrez-moi la raison ultime de ces questions. »

Ralph Waldo Emerson, The American Scholar

« Afin de comprendre l’esthétique dans ses formes accomplies et reconnues, on doit commencer par la chercher dans la matière brute de l’expérience, dans les événements et les scènes qui captent l’attention auditive et visuelle de l’homme, suscitent son intérêt et lui procurent du plaisir lorsqu’il observe et écoute, tels les spectacles qui fascinent les foules : la voiture des pompiers passant à toute allure, les machines creusant d’énormes trous dans la terre, la silhouette d’un homme, aussi minuscule qu’une mouche, escaladant la flèche du clocher, les hommes perchés dans les airs sur des poutrelles, lançant et rattrapant des tiges de métal incandescent. Les sources de l’art dans l’expérience humaine seront connues de celui qui perçoit comment la grâce alerte du joueur de ballon gagne la foule des spectateurs, qui remarque le plaisir que ressent la ménagère en s’occupant de ses plantes, la concentration dont fait preuve son mari en entretenant le carré de gazon devant la maison, l’enthousiasme avec lequel l’homme assis auprès du feu tisonne le bois qui brûle dans l’âtre et regarde les flammes qui s’élancent et les morceaux de charbon qui se désagrègent .»

John Dewey, l’Art comme Expérience

« La photographie a triomphé de la subjectivité d’une manière dont la peinture n’avait jamais rêvé, d’une manière qui ne pouvait satisfaire la peinture, qui est moins une victoire sur l’acte de peindre qu’elle ne s’y dérobe absolument : par l’automatisme, en éliminant l’agent humain de la tâche de la reproduction. »

Stanley Cavell, La Projection du Monde

Kirk Varnedoe, Le Primitivisme dans l’Art Moderne

mardi 26 janvier 2010

expérience 001

galerie la Tangente, Marseille, le 16 janvier 2010
NAISSANCE du CE.S.A.R.

Si l’empathie c’est la possibilité de comprendre sans expliquer, de sentir en l’autre, de partager une sensibilité, bref de la rendre commune, elle consiste bien en un « partage du sensible ». Mais comment former une communauté d’empathies ? En pariant sur le gain politique de l’expérience esthétique. Non pas que l’expérience esthétique ait besoin d’être démocratisée, elle est présente avant tout le reste, elle doit être mise en commun. Le seul mode authentique de communication est celui de l’art parce qu’il n’en fait jamais une technique, mais toujours une expérience.

La singularité de l’expérience esthétique –c’est-à-dire le fait qu’elle paraisse subjective, et ce, de manière inexpugnable- n’est pas un obstacle à son partage, au contraire, et c’est là notre thèse. Nous voulons tous partager ce qui nous émeut, non pas comme un surplus au plaisir esthétique, mais comme sa source toujours active. L’hédonisme esthétique est un moteur, un accélérateur de perfection. Perfectionnons-nous, passons à une perfection plus grande sur le terrain de nos expériences esthétiques partagées, de notre « sens commun ». Être toujours plus empathique pour être toujours plus singulier. Jusqu’à l’excentricité ? Pourquoi pas. C’est l’indice imparable d’une solide santé démocratique.

Une émancipation politique par l’esthétique doit consister à augmenter sa puissance individuante sur le fond d’un sens commun, d’une communauté esthétique et non d’une cercle d’esthètes.

Nous misons sur l’idée que l’art est le domaine privilégié où peut se manifester une singularité exemplaire d’existence. Il répond toujours à la question de savoir comment avoir sa manière propre d’exister ? Sa manière à soi, singulière. L’art est une invitation à cette expérience de singularité, à cette « expérience de l’expérience ».

Bien sûr, cette expérience peut être a minima, en étant à peine visible, elle gagnera en intensité. Il n’y a rien à voir ici, disait Newman sur les vestiges indiens de l’Ohio, mais il y a tout à expérimenter. Encore une fois, toujours comme une première fois, radicalement. Nous voulons faire exister nos expériences esthétiques comme de petites sculptures sociales.